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#Confinement oblige, bouger et pratiquer le yoga virtuellement sont des activités dont la popularité a bondi dernièrement. Évidemment que j’encourage ces bonnes habitudes. Mais qu’en est-il de l’enseignement, de la transmission, du contact humain? De cette proximité qui fait toute la différence entre un enseignement inspiré et intuitif d’un enseignement mécanique et impersonnel? Bien sûr, il y a toutes ces thématiques et précisions que les enseignants et coachs peuvent proposer. Cependant, s’adresser à un écran est une toute autre affaire. Façon de faire qui m’a d’ailleurs amenée à me requestionner sur certains de mes critères et valeurs en tant qu’enseignante, dont ma croyance profonde sur l’importance d’établir le rapport. Je m’explique.

J’ai toujours dit que je « carburais » aux gens, à leur présence, à leur énergie. Je suis sociable que veux-tu. Écouter les histoires et comprendre les réalités, semer quelques graines (éventuellement arrosées ou non) et même ponctuer le temps passé ensemble d’un peu d’humour, ça représente pas mal qui je suis et mon modus operandi en tant qu’enseignante. Avant, pendant ET après une classe. Aujourd’hui, en mode #Covid, alors que je me tourne moi-même vers une solution virtuelle, je suis forcée d’admettre que mes interlocuteurs me manquent, que leur présence en chair et en os me manque. Car selon moi, pour être une courroie de transmission efficace, un bon communicateur apte à bien établir le rapport comme je le mentionnais plus haut, pour bien calibrer et proposer une suite cohérente et intelligente, rien comme la présence. LIVE. EN PERSONNE. La posture et l’alignement du corps, l’expression faciale, bref tout le non-verbal qui est drôlement filtré en mode virtuel. J’ajoute aussi l’impression bizarre par moments de monologuer, une connexion parfois floue ou un cadrage difficile, particulièrement en mouvement…Les interférences de l’environnement à la transmission dans les règles de l’art sont donc nombreuses. C’est un peu pour toutes ces raisons que je perçois – inévitablement – la distance (et que je vis actuellement un défi aussi)! Temporaire j’en conviens, mais bon. Je m’aperçois aussi que mes classes virtuelles se rapprochent drôlement de ma pratique personnelle, en me référant davantage à mes propres sensations (l’expérience d’enseignement ici à ma rescousse) et encore une fois, à mon expérience personnelle. Car en réalité, chaque yogi.ni en exploration a des besoins, capacités et réalités bien propres. Après tout, comment puis-je présumer de ce qui se passe de l’autre côté?

Bien sûr, il existe aussi plusieurs avantages au mode virtuel: rapidité, accessibilité, économie de temps et d’argent pour ne nommer que ceux-là. Je reviens spontanément à l’expérience. L’expérience de l’enseignant qui supporte le choix des mots utilisés, du ton de la voix, autant que celui des variantes d’exécution. L’expérience qui réfère, même sans sujet « réel », aux réflexes communs du corps dans telle ou telle posture et même à la direction possible des pensées. L’expérience qui permet d’ajuster, de moduler le discours, d’offrir un maximum de possibilités et d’être empathique. Toutefois, dans un espace temps restreint, aller à l’essentiel, sélectionner ce qui a le plus d’importance selon notre vision et feeling du moment, ça peut être ardu. Et c’est là que je dois m’en remettre, une fois de plus, à mon intuition. « Dans la vraie vie », le choix des mots et instructions est influencé par ce que les corps me suggèrent, entre autres. Ma nuance à moi, elle est aussi là. En mode virtuel, ça nécessite d’être bien aligné.e/focalisée et de garder l’esprit ouvert et les perspectives élargies, car ma réalité même si elle peut ressembler à la tienne, peut aussi être fort différente.

Je m’en remets donc à l’intention bienveillante, celle d’être une sorte de phare et de t’inspirer la joie, du meilleur de mes capacités, au moment où tu me regardes, précisément. Un peu comme si j’étais vraiment là.

Dans l’intervalle et avant de te revoir en vrai (!), j’ai foi en notre grande capacité d’adaptation à tous. Et qu’ensemble, malgré les contraintes, les filtres et les perceptions, chaque séance, live ou différée, sera l’occasion de se rencontrer tout de même, bien au-delà des écrans.

Namasté ??

#weareone #adaptation #èrenumérique